11.27.2013

Pancho Ayguavives.

L’architecte Ayguavives vient de fêter son anniversaire.

Quel âge ? Silence. Ça ne nous concerne pas, mais je vous assure que ça fait quelques années. Un bail. Ou deux.

Installé –bien installé- dans le Tarn depuis quelques années il y répand sa bonhomie généreusement car, voyez-vous, il s’agit de quelqu’un de généreux.

Et sa vie ? Sa vie très bien, merci. Une vie pleine, sans espaces vides, sans ennui ni temps morts. Une vie comme dans les films, comme nous l’aimerions. Tous ou presque tous.

Une vie vouée au métier, aux défis professionnels, aux rêves et à la famille, même si le sien n’est pas le portrait-robot d’un père de famille comme aiment à les imaginer les p’tit bourgeois.

Une vie qu’on ne raconte pas en dix minutes. Ni en dix heures.

Des succès, des chutes, des remontées, des jours lumineux et des nuits noires noires.

Ami de ses amis, parfois envié, parfois dédaigné, voire haï. La peau dure, la volonté coriace, capable de refaire surface après les coups tordus et les incompréhensions.

Je l’ai connu quand il habitait encore chez sa mère, dans les 60, dans une grande bâtisse à pied de route à Badalona, dans la banlieue nord de Barcelone. Il venait de connaître Carol, la parisienne avec qui il se marierait quelques années plus tard, le carnet d’architecte dans la poche et l’envie de bouffer le monde dans l’esprit.

Paris, les gosses, les missions un peu partout dans le monde, le succès, le spleen, les entorses. Les nuages.

Les amis qui disparaissent, qui se permettent de juger. Le noir, le silence, la longue traversée d’une nuit imposée.

Et l’aube, quand toutes les portes semblent fermées mais les premières lumières pointent. La vie, de nouveau.

C’est quelqu’un l’Ayguavives ! Pas du menu frétin. Un animal de la vie, un enfant de la balle, une force de la nature, de l’intuition, du pif. Affamé de chaque jour qui commence. Les idées claires, la tête bien posée sur les épaules. Un séducteur qui glane de nouveaux projets, qui lèche ses blessures au noir, dans l’intimité de son appartement-bureau.

Possiblement le mec qui réunit le plus de monde –de beau monde-autour de ses paellas, entre les vignes de son horizon tarnois et le Barça, dont il suit les matchs, les buts, les sursauts et les joies.

Ami de ses amis –des vrais, pas des autres- toujours disposé pour le coup de main, drôle, attentif, cultivé, intense.

Quand j’y pense, à Pancho, je brasse des noms, des endroits, des aventures, des voyages, des coups-de-foudre, des nuits longues comme le bras, des jours collés les uns les autres.

L’Andalousie de sa mère, la Barcelone passionante de futur de notre jeunesse, les destins mirobolants, le nom dans les journaux. Le silences, les fondus au noir. Les retours côté lumière.

Un type comme on aimerait être. Un exemple pour ceux qui avons essuyé plus d’une claque. Plus de deux. De trois, même.

Merci pour exister, Pancho Ayguavives.



Pierre Roca